Au cinéma

Les réalisateurs Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie, les coscénaristes et le producteur Prima Linea ont choisi de présenter « Zarafa » aux jeunes spectateurs, sous la forme d’un conte. Sous l’arbre à palabres, devant un parterre d’enfants fascinés, le doyen du village déroule un récit d’aventures, plein de surprises et de rebondissements, avec son lot d’émotions, de peur, de joie et d’excitation. Comme toutes les histoires de tradition orale, celle du jeune Maki et de son girafon d’infortune mêle véracité et merveilleux, burlesque et réalisme. Dans l’adversité, le petit Africain démontre le courage intransigeant d’Oliver Twist et l’optimisme entêté de Rémi « Sans famille ». Et la girafe orpheline sera bien plus qu’une mascotte muette et attendrissante. Comme tout bon conte, il apporte une conclusion contrastée. Semé d’embûches, le voyage de l’Afrique à la France et retour est un parcours initiatique où il faut savoir perdre – des proches, des illusions – et gagner – un amour, un avenir.

Entre l’histoire authentique que j’arpente sans lassitude et la fable enfantine (et non infantile) que je découvre ici, les écarts sont certes nombreux. Tout y est, ou presque, de la vraie Zarafa mais dans un ordre aléatoire et fantaisiste. L’historien-conférencier oublie un temps ses archives pour se laisser envoûter par les charmes du conte. Quelques années avant les débuts de « notre » girafe, Samuel T. Coleridge s’accordait semblable privilège en adoptant : « des personnages surnaturels, ou au moins romantiques, faisant naître en chacun de nous un intérêt humain et un semblant de vérité suffisants pour accorder, pour un moment, à ces fruits de l’imagination cette suspension consentie de l’incrédulité, qui constitue la foi poétique. »

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